"Le véritable Titan est SepticFlesh qui,
avec cet album, s’impose
comme un dieu
de la création musicale symphonique."
La question qui se pose systématiquement lorsque Septicflesh annonce un nouvel album
c’est, « Arriveront-ils à faire
mieux que le précédent ? », tant chacun place un peu plus
haut la barre de la perfection. Lorsque le groupe s’est reformé en 2007, et qu’il a
affirmé sa réorientation musicale avec « Communion »,
le niveau était déjà très haut, mais il a plus que réussi à se surpasser en
2011 et à livrer un « The Great Mass »
magistrale, un chef d’œuvre en tout point de compositions pures et
intelligentes.
Aujourd’hui, Septicflesh revient avec "Titan", troisième album de sa résurrection. Après une première écoute, la première chose qui
frappe c’est la noirceur et la profondeur de ce dernier qui semble tout droit
sorti des méandres des ténèbres dans une ambiance toujours plus apocalyptique qui
fait montre, à l’inverse de ces prédécesseurs, d’une absence totale d’optimisme.
Le groupe est arrivé à trouver un tel équilibre et une telle
justesse dans la composition des dix morceaux de cette pièce unique que l’on
pourrait imaginer n’écouter qu’une seule et longue plainte symphonique de près
de 45 minutes. Mais cette particularité, qui est souvent décrite comme étant
signe d’un répétitisme et d’un ennuie dans une écoute monotone et soporifique se
révèle ici être un atout majeure et une particularité de compositions homogènes et complètes qui se
suivent, s’opposent et se complètent dans une unité paradoxale.
Cet album risque cependant de dérouter certains fans car le
groupe, et c’est tout à leur honneur, n’ayant pas voulu répéter les succès
passés, s’est tourné, tout d’abord, vers une production différente. Déjà
envisagée mais non retenue pour le précédent effort, le groupe a
décidé de travailler avec un producteur américain avec la volonté de donner à
leur Titan une ambiance et un poids correspondant davantage à ce qu’il
souhaitait. C’est donc le canadien Logan Mader – ancien guitariste de Machine
Head, puis de Soulfly, reconverti depuis une dizaine d’année dans la
production – qui s’est chargé de donner vie au monstre et de lui apporter une atmosphère beaucoup
plus orientée vers Sumerian Daemons, avant que le nom du groupe ne s’écrive en un seul mot.
Une atmosphère lourde, puissante, titanesque, dans laquelle aucun instrument,
guitare, batterie, basse, voix et orchestre – véritable cinquième homme de ce
disque – n’est sous exploité, et dans lesquels tous dialoguent avec une justesse
et une précision qui n’avait jamais été atteinte par Septicflesh. La référence
au passé se trouve également dans la volonté de mettre davantage en avant la
guitare avec des riffs plus recherchés, plus
évolués définissant ainsi l’instrument dans une ligne harmonique principale, accompagnant ou soutenant le dialogue avec l’orchestre philharmonique.
Cette fois-ci, ce dernier ne se contente pas d’intervenir ponctuellement mais
est bien présent tout au long des compositions, apportant une dimension
magistrale et beaucoup plus complexe au morceau. Véritable cinquième instrument
du groupe, il se définit encore plus comme indispensable et nécessaire dans la
construction des morceaux et leur apporte une certaine grandeur et une élévation
dans l’émotion. La batterie, elle, toujours plus époustouflante, est exploitée
totalement différemment ici avec beaucoup plus de variations, de
retenue et de justesse. Bien entendu, la majorité reste très métal et black
metal, mais varie avec des rythmiques davantage rock, swing, brit-pop,
jazzy, djent… Cela laisse donc un peu plus de place aux autres instruments qui
peuvent s’exprimer plus librement sans être saturés par un rythme trop rapide.
Le chant, très gutturale, est également moins présent et sait
intelligemment s’éclipser pour laisser place aux différentes chorales avec qui
il communique parfaitement. On assiste à un véritable dialogue de complémentarité
entre les différentes tonalités des chanteurs et des chœurs, en lead ou en
support. Les chœurs d’enfants sont également véritablement intéressants dans les
compositions où ils sont exploités, on regrettera peut-être qu’ils ne l’aient
peut-être pas été davantage où en tout cas de manière moins linéaire, mais leur
introduction est magnifique et donne, malgré tout, une petite lueur d’espoir dans
cette profonde noirceur apocalyptique.
Avec Titan, le
groupe offre une œuvre magistrale et véritablement inattendue dans le niveau de
sa perfection, de magnificence et d’émotion. Un album absolument magnifique,
rigoureux, extrêmement intelligent, flirtant davantage avec l’opéra Black Metal
Symphonique que le simple album musical.
Note : 20/20.
Septicflesh - "Titan"
20 juin 2014 (monde) via Seasonofmist
24 juin 2014 (USA) via Prosthetics records
Standard, Limited Box et Vinyl édition
01. War in Heaven - 5:39
02. Burn - 3:18
03. Order of Dracul - 3:33
04. Prototype - 5:36
05. Dogma - 4:04
06. Prometheus - 6:35
07. Titan - 3:53
08. Confessions of a Serial Killer - 4:51
09. Ground Zero - 3:55
10. The First Immortal - 3:56
Limited Digipack et Box Edition Bonus Disc : "Titan Orchestral"
01. Dogma of Prometheus - 7:10
02. A Prototype in Heaven - 4:51
03. The First Immortal - 3:47
04. Order of a Serial Killer - 3:45
05. The Burning - 6:01
Box Edition bonus disc : "Live in Toulouse 2011"
01. The Vampire from Nazareth - 5:29
02. We, the Gods - 4:05
03. Pyramid God - 6:04
04. A Great Mass of Death - 5:19
05. Anubis - 4:52
06. Persepolis - 6:42
07. Five-Pointed Star - 6:17